L'apprentissage et les émotions

Pour qu'il y ait apprentissage, il faut une modification du comportement et de l'émotion.

Une émotion positive donnera d'avantage l'envie d'apprendre avec motivation, en conservant la personnalité et en développant les capacités.

Que l'on soit humain ou animal, le travail doit avoir du sens et/ou être lié à une motivation agréable pour avoir envie de le faire et non s'éteindre pour faire par obligation avec une émotion négative.

Pourquoi je me lève le matin ? 

Pour avoir ma paie et partir en vacances ? parce que j'aime mon travail ? OU Parce que si je n'ai pas le choix ... pression sociale, pression économique...et que dire du "burn out" ? 

Il existe aussi chez le cheval.

Mon cheval vient-il quand je l'appelle ? Quelle motivation a-t-il à venir avec moi plutôt que rester avec les copains à vivre sa vie de cheval ?

Va-t-il être récompensé à faire des choses qui ne sont pas dans sa nature ?  Va-t-il faire des activités gratifiantes et amusantes ?  OU Se sent-il contraint ? Montre-t-il une motivation ou subit-il en attendant de pouvoir retourner au pré ?

Avez-vous observé et écouté votre cheval ?

S'agit-il d'une motivation à recevoir OU d'une motivation d'évitement, de contrainte ?

L'apprentissage et le bien-être

Pour être en capacité d'apprendre, il faut un bon état physique et psychique.

Si j'ai mal aux pieds, c'est difficile de réaliser un marathon ; si je suis en dépression, c'est difficile d'être motivé...

Pour les animaux, c'est identique.

Si mon cheval à une douleur, il lui sera difficile de réaliser certaines choses ou de supporter son matériel. 

Il associera ce qu'on lui demande à une émotion négative, ce qui diminuera ses capacités d'apprentissage et sa motivation.

Son comportement devient résignation, fuite, agressivité...

Il faut parfois être en mesure d'accepter de ne pas faire ce qui était prévu, prendre le temps de soigner, gérer le matériel et le lieu de vie pour leur permettre d'être ouvert au travail.

Apprentissage en renforcement positif

Clicker training

Le principe : apprentissage par la récompense de la réalisation de l'action / du comportement attendu (R+) et l'ignorance du mauvais comportement, le tout en incitant le cheval à réfléchir. Il devient acteur proactif du travail avec son cavalier.

La différence avec les autres méthodes ?

L'équitation traditionnelle ou les pratiques dites éthologiques utilisent une "pression" ou la notion confort/inconfort pour indiquer au cheval ce qu'on attend de lui, cette pression disparaît à la réalisation de l'action. Le cheval réagit donc pour éviter l'inconfort ou la pression, il est acteur passif de l'échange.

Le renforcement positif et le conditionnement opérant ont pour objectif d'amener le cheval à réfléchir et à être acteur dans l'échange. On met l'environnement en place pour lui poser une question et la bonne réponse est récompensée.

Cela devient un jeu pour le binôme !

ATTENTION ! Je ne remets pas en cause les autres méthodes, car cela peut convenir à certains chevaux qui le vivent très bien et il ne sert à rien de déprogrammer ce qui marche !

Je ne dis pas non plus qu'on enlève toutes les aides... mais le clicker training permet de les rendre légères.

Pour ma part, je préfère avoir des bonbons dans les poches plutôt qu'une cravache dans la main.

Conditionnement opérant

Le conditionnement opérant est le principe de mettre en place les conditions pour que le cheval réfléchisse et propose des actions; le travail devient un jeu en créant un véritable dialogue au sein du binôme. En stimulant ses capacités cognitives,  il éprouve de l'intérêt et de la motivation à venir être avec l'humain.

"Avec des bonbons, c'est facile !"

J'entends souvent cette phrase ou encore "je ne suis pas pour la récompense alimentaire"... mais si on reprends la pyramide de Maslow ... qu'est-ce qui peut bien être la plus belle récompense ? 

Et c'est justement parce que c'est facile que c'est bien ! Pourquoi se compliquer la vie ? 

Cette méthode existe depuis longtemps et est aujourd'hui entrée dans les mœurs pour les chiens et d'autres animaux.

Pourquoi notre culture ne peut pas l'accepter pour les chevaux ?

Parce qu'il va fouiller dans les poches, parce qu'il va réclamer, parce qu'il va mordre ...

Pas plus que les chiens ! Et éviter ou résoudre ces comportements fait partie intégrante de la méthode.

 

Ma propre expérience

J'ai fait des erreurs, des choses qui n'allaient pas dans le bon sens... parce que je ne savais pas, on ne m'avait pas enseigné ou expliqué ce qu'est un "cheval" en tant qu'être vivant, hyper sensible, avec des besoins spécifiques et une nature de proie instinctive induisant certains comportements; ni à les observer et apprendre leur langage.

Un jour, lors d'une communication animal, la personne m'a dit : "Eskimo t'attend"... et bêtement j'ai répondu "Mais j'y suis tous les jours !"

Puis, un jour, j'ai compris... et maintenant je suis là, présente, après avoir gérer une phase de culpabilisation et appris à lâcher-prise.

Nous sommes passés d'une phase d'incompréhension créant agressivité, tristesse, peur et éloignement ... à une relation complice et d'écoute où le compromis à sa place, dans laquelle Eskimo a le droit de s'exprimer, où je lui laisse par moment la possibilité de choisir, de proposer.

Le cheval est cheval ... tout est possible si l'humain accepte de voir autrement, de le voir autrement et de lui permettre d'exister tel qu'il est.

Il n'est pas une machine, il n'est pas parfait... et nous non plus !

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